DEMONTAGE D'IDÉES REÇUES SUR LE TAROT + MON HISTOIRE

Dernièrement, sur Facebook, j'ai eu un bref échange avec une dame, d'un certain âge, qui m'a donné à réfléchir sur plusieurs points... Son commentaire, à la suite d'un post qui partageait un des articles du blog, suggérait que la façon dont était traité le tarot dedans lui manquait de respect (au tarot hein, pas à elle 😄).

Tel n'est évidemment pas mon intention 😉. Le tarot est un de mes meilleurs amis et je lui voue un culte infini (le nombre de fois où chéri-chéri m'a dit: "quoi, tu tires encore tes cartes ?!"). Mais je conçois que mon ton, parfois un peu désinvolte, peut choquer. 

N'empêche, cet échange m'a donné à réfléchir sur l'image du tarot et me donne, par la même occasion, l'opportunité d'aborder le thème des idées reçues qui pourraient freiner l'envie de certains de plonger dans son univers (toujours du tarot hein, pas à la dame 😉) et c'est bien dommage.

Mais tout d'abord, laissez-moi vous raconter une histoire.... 

Mon histoire


Car peut-être pourra-t-elle vous montrer le pouvoir des clichés... 

Par un bel après-midi de 1993, alors âgée de 13 ans, je rendais visite à mes grands-parents, en compagnie de mes deux grandes sœurs, à Schirmeck, bourgade d'environ 2000 habitants, en Alsace. Alors que mon père buvait le sacro-saint café postprandial avec la famille, nous sommes toutes les trois sorties nous rendre à la Fnac locale (aka : le tabac - librairie - papeterie de la petite ville), armées des 100 Frs que nous venions de recevoir.

Ma grande sœur, âgée de 17 ans, un peu sorcière dans l'âme, avait repéré un jeu de Tarot de Marseille (avec le recul, je trouve étonnant que ce petit commerce vendait ce genre d'article !). Moi, qui trouvais que tout ce qu'elle faisait était cool et pensant naïvement devenir voyante avec un jeu, j'en achetais un aussi. 

Une fois rentrée, j'ai regardé les cartes. J'ai regardé le fin livret qui les accompagnait. Et j'ai effectué un tirage. Et...

...Je n'ai rien compris.
Mais rien.
Nada.
Niente.
Que Dalle. 
Strictement rien.




L'ado de 13 ans, dubitative, a compris alors qu'elle ne deviendrait pas voyante de cette façon. Et qu'elle n'avait pas trop non plus envie de s'essayer à retenir 78 cartes, plus les combinaisons possibles... On est flemmard à 13 ans. Et puis en fait, il faut être voyant pour s'en servir (comme cette charmante Playmobil que je n'ai pas résisté à vous montrer).

Flashforward en 1997.

Moi en 1997 !
Toujours ado, 17 ans, mais cette fois-ci avec les garçons en tête. Surtout un en particulier. A cet âge-là, je "traînais" avec ma bande de copains au stade de foot du village. Et il y avait cette fille, Anne P. qui avait en tête naturellement le même garçon que moi. Un après-midi, quelqu'un avait lancé une blague sur la voyance, genre boule de cristal et Madame Irma avec son tarot. J'ai répondu que non, définitivement, le tarot n'était pas cela. Et, je ne sais plus laquelle des deux en première a déclaré (péroré, a mise au défi l'autre, s'est vantée - faites votre choix... aaaah, ce qu'on ne ferait pas pour impressionner les garçons) qu'elle savait tirer les cartes. Je me souviens, néanmoins, qu'elle m'a dit un truc du genre: "Eh bien si tu sais tirer les cartes, eh bien, montre nous !". Moi, fière comme une lionne, j'ai dit OUI et relevé le défi (et je n'ai réfléchi - qu'après bien sûr).

J'ai donc enfourché mon petit vélo et suis donc rentrée chercher mon jeu. Sur le chemin du retour, j'ai légèrement paniqué car je pensais qu'il fallait connaître la signification des cartes par cœur. En effet, tout ce que je savais du tarot se résumait à un ou deux mots de chaque arcanes majeurs et la signification générale des quatre familles de mineurs. Hum Hum. Et pas question de consulter le livret d'accompagnement. Ça serait franchement pas impressionnant et pro.

De retour au terrain de foot, je me suis assise en tailleur parterre. La vague idée que le tirage ne fonctionnerait pas du fait de l'absence de bougies, d'encens ou de calme, me traversa. Mais, pas le choix, on m'avait défiée.

Ainsi, une partie du groupe prit place autour de moi. Naturellement, Anne se porta volontaire pour être la première consultante. Alors que j'allais battre les cartes, je ne voulais pas penser à l'angoisse du "tirage blanc" (page blanche mais version tarot), car, je croyais que si les cartes du tirage ne me parlaient pas immédiatement, elles ne le feraient jamais. Mais, à la place, je décidais de me lancer sans filet et de vivre l'expérience avec le plus d'ouverture possible, c'est-à-dire de virer complètement le mental et ses doutes pour simplement être présente au moment (je pense que c'est une des seules fois de ma vie où j'ai réussi ce prodige 😄).

Elle me posa donc sa question (dont je ne me souviens plus) et je commençais à battre les cartes. C'est à ce moment-là, je pense, que je me suis connectée totalement à un jeu pour la première fois. J'ai étalé les cartes devant moi selon un des deux seuls modèles de tirage que je connaissais (l'autre étant celui en croix), montrés par ma grande sœur, une fois.

Tirage à 6 cartes: les 2 premières sont le présent, les 2 du milieu le futur proche et enfin les 2 dernières le futur lointain

Et, conformément à l'intention que j'avais posé en début de tirage (même si j'ignorais ce qu'était, à l'époque, le pouvoir de l'intention), j'ai, en fait, juste observé les cartes. Assez longuement. J'ai observé chaque détails, chaque courbe, chaque couleur, chaque chiffre: à vrai dire, tout ce que je pouvais "analyser". C'était comme si j'enregistrais le plus possible d'informations dont la synthèse provoquait en moi une sorte de ressentis. De plus, comme j'ignorais la difficulté de tirer avec les mineurs, je les ai inclus dans mon tirage (rappelons qu'à cette époque, je pensais que seul le Tarot de Marseille existait). Ainsi, j'avais trouvé mes propres significations un peu au hasard. Les familles correspondaient à un grand domaine (et ce n'était même pas vraiment juste !):
- Coupe pour les sentiments,
- Epée pour le négatif, les souffrances (à l'image de ce qu'inspire le noir froid des Piques),
- Bâton pour les affaires liées au domaine professionnel, le travail,
- Denier pour la chance.
Et les numéros représentaient l'intensité de l'énergie de la famille (donc allant crescendo).

J'ai commencé à dire des mots, puis des phrases. Inconsciemment, je crois aussi que j'ai analysé la personne que j'avais face à moi, par ses mimiques, ses regards, le timbre de sa voix. Je ne cherchais à rien contrôler, tous ces faisceaux d'indices m'ont amenée à sortir une prédiction qui sonnait juste.

Et je dois dire que, cet été-là, a été mon baptême du feu. Devant mes résultats concluants, j'ai tiré les cartes à tous mes amis (j'ai du faire ça environ 50 fois, je devais fréquemment rentrer chez moi chercher mon jeu si j'étais sortie sans). Je me faisais payer d'une cigarette 😂 (J'ai arrêté de fumer depuis bien longtemps et fumer tue hein).

J'ai appris bien plus sur le tarot lors de ces séances totalement informelles sur le terrain de foot, que dans mille livres. Naturellement, j'avais plus de mal avec certaines cartes telles que la Papesse, le Pape ou la Lune mais à y réfléchir, les archétypes qu'elles personnifiaient étaient bien abstraites pour une ado de 17 ans. Mais elles me parlaient à leur façon.

J'ai réalisé (bien bien plus tard) que plus vous amassez de sommes de connaissances théoriques plus vous incitez et entraînez votre mental analytique à tirer les cartes (vous allez décortiquer le tirage comme un problème de maths).

Plus vous vous dépouillez de ce qui encombre votre mental, que ce soit vos doutes, vos peurs ou les informations que vous avez lues dans moult livres de différents auteurs avec leur vision du tarot, plus votre intuition, si subtile, si douce, a la place pour s'exprimer. 

Rappelons que l'intuition s'exprime via l'inconscient, qui lui, s'exprime via des sensations, des ressentis mais jamais par des mots.

J'ai appris énormément sur ma personnalité de cartomancienne cet été-là. J'ai commencé à acquérir des gestes que je pratique encore aujourd'hui (ma façon de battre les cartes, ma façon de les couper (M*** j'ai coupé de la main droite...).

J'ai arrêté lorsque l'on commença à me reprocher la réalisation de prédictions négatives (un échec à un examen, un échec à obtenir un emploi...). On commença à dire que c'était moi et mon tarot qui avions provoqué ces événements. En mon for intérieur, je savais que c'était faux. Mais à 17 ans, on préfère garder ses amis que de tirer les cartes...

 Flashforward 2015.
Moi en 2019

A l'âge de 35 ans, j'ai ressorti mes cartes. J'ai réfléchi et beaucoup médité (mûri aussi !). J'ai compris qu'il ne servait à rien de vouloir à tout prix connaître le futur, puisque TOUT s'écrit au présent... Vous vous souvenez de l'article "Quelle est la différence entre le Tarot Divinatoire et le Tarot Intuitif non Prédictif ?

J'ai pris beaucoup de recul et répondu enfin à l'appel des cartes.

Donc... récapitulons tout ça ! 😉

Idées reçues sur le tarot


- Il faut être voyant pour s'en servir
Non. En revanche, il faut faire appel à son intuition. Et de l'intuition, tout le monde en a !

- Le tarot est un outil commercial des sites de (pseudo)voyants
Non. Le tarot de par son côté mystérieux a été récupéré à des fins commerciales par des sites de voyance dont le business consiste à vous faire croire que le tarot n'est accessible qu'à une élite (eux quoi). Rappelez-vous toujours qu'un bon voyant peut se passer du tarot, qui n'est qu'un support. C'est vous qui êtes le canal, qui transmettez le message, pas les cartes.

- Il faut connaître la signification des cartes par cœur
Non. Pas besoin ! J'ai d'ailleurs rédigé un article pour vous donner des astuces "Comment retenir facilement la signification des 78 cartes ?" 😉

- Il faut tirer les cartes au calme lors d'un rituel établi
Oui. Lors de votre rituel !
Mon rituel à moi, c'est simplement lorsqu'au moment où je bats les cartes, je fais le vide en moi. Je m’imprègne de la question, je me connecte au jeu et au consultant. Je suis simplement dans le moment présent à 100%. Et, du coup, hyper attentive à ce qu'il se passe en moi, je sens un très subtil sentiment (aussi léger qu'un bruissement de plumes) qui me fait arrêter de battre les cartes. Je ressens un sentiment de justesse (vous savez le même que 2+2=4, c'est juste et évident) qui me pousse à stopper. Et c'est tout ! En revanche, si vous souhaitez brûler une bougie et mettre de l'encens pour vous aider à vous mettre dans le bon mood, c'est parfaitement OK.

- Si les cartes du tirage ne me parlent pas immédiatement, elles ne le feront jamais.
Non. Vous ne pouvez pas comparer les cartes d'un tirage à un livre dont vous lisez les pages. Les cartes n'ont pas de mots. Il est normal de devoir se concentrer pour les interpréter. Cela peut prendre un certain temps et c'est OK. Parfois, on peut avoir la sensation de tourner autour de la bonne interprétation et, d'un coup, sortie de nulle part, la bonne info nous parvient (vous savez, comme quand vous avez un nom sur le bout de la langue 😉)

- Il faut couper de la main gauche
Non. On dit que la main gauche est la main réceptive et la droite, la main émettrice. Mais, pour certaines personnes, c'est l'inverse ! Ainsi, faites comme vous le sentez. C'est parfait !

- Le tarot provoque les événements du futur, c'est la fatalité !
Non. Les cartes ne voient le futur qu'à un instant T. Vous êtes à chaque moment (qu'on appelle le présent) à la croisée des chemins. Les cartes ne verront que le chemin que vous emprunterez le jour où vous avez décidé de tirer les cartes. Or, si le lendemain vous faites une action spontanée que vous n'aviez pas prévue la veille, vous changez déjà le futur qui a été prédit lors du tirage (la physique quantique nous explique très bien cela). Nous sommes 7,5 milliards sur cette Terre. Nous sommes tous interdépendants les uns des autres, nos destins sont tous entremêlés. Les actes des uns auront toujours des conséquences sur ceux des autres qu'ils soient proches ou loin sur la toile du destin. Le futur est donc modifiable à tout instant.

Et vous amis lecteurs, n'ayez pas peur de passer en revue vos propres idées reçues et n'hésitez pas à les partager en commentaire. Il est toujours très bon d'en discuter et cela peut servir à tous !

PS: Au fait, vous vous demandez si le garçon en question a été impressionné par mes qualités de cartomancienne ? 😁
... Disons que c'est par d'autres qualités qu'il l'a été 😄 (et nous sommes restés ensemble 5 ans par la suite)
Happy End ! 

Commentaires

  1. Et oui la pratique, encore la pratique, toujours la pratique! En tout cas j'adore le PS, trop mignon!
    Quant à mon idée reçue à moi, avant, était qu'on ne pouvait pas trop s'écarter de l'interprétation du livret, que l'on pouvait "broder" mais qu'il fallait forcément le livret comme point de départ. Alors que, comme tu l'as dit, l'intuition est un très bon point de départ! Mmais quand on n'est pas habitué à s'en servir, on a tendance à faire ce qu'on peut avec ce qu'on a (en l’occurrence un livret!)

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    1. Je n'aurais su le dire mieux Aurélie ! En fait, moi, je n'ai pas eu "le choix" (fierté, fierté ;-)) mais ce fut une très bonne chose car je pense que sinon, je n'aurais jamais autant appris et serais toujours restée au livret. Peut-être même que le tarot ne m'aurait plus jamais intéressée au final... car je crois que ce qui me fascine en lui c'est justement que chaque tirage est particulier, faisant ressortir toujours quelque chose d'inédit. C'est une fenêtre sur "autre chose" qui possède une sagesse bien plus développée que la nôtre... et le livret ne te permet pas d'y accéder, c'est seulement l'intuition. Mais il faut l'expérience, le truc, le déclic qui te permet d'en prendre vraiment conscience. Sinon, cela ne reste que des mots. Pour cela: se faire confiance ! Comme disent les américains: Fake it until you do it ! Faire semblant jusqu'à ce que ça devienne réel. Il n'y a rien de plus auto-saboteur que les doutes. Je suis tout à fait d'accord avec tout ce que tu as dit (je suis juste hyper bavarde :-D) et pour le PS ;-) Merci pour ton judicieux commentaire ;-)

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  2. 😍😍pour le ps aussi.
    Je dois bosser encore. Me faire un carnet a moi avec des mots clé...pas eu le temps...
    Pendant les vacances je me mets au yoga et je bosse le tarot ! 😎😎

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    1. L'important est le plaisir que tu prends et que cela te détende (l'intuition aime ça ;-))

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  3. Chouette article ! J'ai réfléchi à ta question et je ne pense pas avoir d'idées reçues. ou alors si je creuse loin, tout comme toi j'ai commencé le tarot très jeune ( à l'age de 6 ans ) et je vivais dans un tout petit village au fin fond du Sud Ouest. A l'époque je pensais que nous étions peu à pratiquer et que nous étions vus comme " des fous, des sorciers, des gens bizarres " et j'ai été hyper surprise lorsque je me suis mise sur les réseaux sociaux,de constater qu'en fait pas du tout bien au contraire. C'est amusant plus qu'autre chose cette période en fait. Bon tu me diras, à l'époque il n'y avait pas internet, ni tous ces moyens de communiquer. Je me souviens que le village situé à 10 km du mien me paraissait loin loin loin :D

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    1. C'est tout à fait vrai ! Je dirais qu'à part Alliance Magique qui, je crois, officie depuis 2004 en librairie, ce n'est que très récemment que l'ésotérisme est "à la mode". J'ai commencé à vraiment m'intéresser à la spiritualité, la wicca, le tarot... pendant mon adolescence, au milieu des années 90, et il n'y avait quasiment pas de ressources disponibles et facilement accessibles. Internet a beaucoup joué et je trouve que c'est une bonne chose pour démystifier les choses. Mais c'est vrai que je passais un peu pour une perchée autour de moi, mais j'arrivais à la jouer version "ma Sorcière bien-aimée", ça allait :-D

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